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 Une lueur grise au crépuscule


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Zyakan Tesk'Ay

Zyakan Tesk'Ay

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MessageSujet: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyJeu 9 Mai - 22:07

Un soleil ambré descendait lentement sur la ligne d'horizon, embrasant les arbres et nimbant les nuages d'une douceur rosâtre. Comme tous les soirs, ce spectacle simple et magnifique se répétait, majestueux, inlassable. Et comme tous les soirs, Zyakan ne lui accordait pas la moindre attention, préférant à l'étoile déclinante le trembloti constant de la lanterne de sa tente. Ce soir là, Jason Stoner était venu lui rappeler -comme à peu de choses près tous les soirs- l'état du budget de la compagnie, qui, selon ses termes, fondait à vue d’œil depuis que le dernier contrat en date était arrivé à échéance. Et, comme tous ces soirs, Zyakan l'avait taquiné sur son inquiétude perpétuelle et sa maniaquerie de vieille fille, cachant par là sa propre anxiété devant l'inaction qui rongeait la troupe depuis trois longues semaines.

Stoner avait raison, quoi que l'on puisse dire: les Faucons nocturnes ne pourraient pas résister quinze jours de plus à l'inactivité. Sans même parler de la solde des troupes, qu'ils n'allaient plus pouvoir régler, l'ennui qui régnait parmi les mercenaires atteignait le stade critique favorable à des désertions massives ou des mutineries. Les exercices quotidiens qui avaient été imposés pour pallier au manque d'activité ne remplaçaient pas des vrais combats, et les troupes étaient de moins en moins motivées à y participer.

Pu tain de paix.

Personne n'avait besoin de payer une compagnie de deux cent soldats alors qu'il n'y avait personne à combattre. Au contraire, même, le fait que les mercenaires stationnent sur des terres constituait un désagrément pour les nobles. Ces gueux en cuirasse volaient le bétail et les cultures, en plus d'être une menace pour la sécurité. Zyakan aurait pu se servir de ça pour faire pression et tenter d'obtenir une prime en échange de leur départ, mais la compagnie n'était pas assez puissante pour intimider un état, même faible. Tout ce qu'il obtiendrait serait de se faire chasser manu militari, avec la baisse de moral inévitable parmi ses hommes. Les temps paisibles engraissaient les royaumes. À moins de se reconvertir dans le brigandage -avec tous les désagréments que cela engendrerait-, il allait être dur de trouver une subsistance.

«Des nouvelles de Graves? Se lamenter sur le budget n'amènerait rien, autant se concentrer sur d'autres sujets. Et celui-là était tout autant préoccupant.
-Aucune.
-Merde.
-C'est ce que je me tue à dire depuis trois semaines.»

Marcus Graves, son autre lieutenant, était parti cinq jours plus tôt pour tenter de convaincre le comte du coin de lier un contrat avec la compagnie, pour au moins un mois. La bourgade où il résidait était à un jour de marche, et Graves était parti à cheval avec quatre hommes. Il aurait logiquement dû rentrer au moins deux jours plus tôt.

«Tu penses qu'il se serait arrêté en route?
-Ou qu'on l'aurait arrêté. Tu connais le sentiment des gens envers nous. Même si je ne pense pas que le comte prendrait le risque de se faire de nous des ennemis, Marcus peut très bien être tombé sur une embuscade en pleine forêt.»

Il était vrai que les mercenaires venaient cruellement rappeler les guerres passées à des peuples s'en remettant à peine et à des nobles désireux d'oublier leurs défaites. Ça n'aidait pas. Aussi, Zyakan concevait difficilement que le retard de Graves vienne du fait que le comte de Tannils le comblait d'honneurs et d'argent. Il allait falloir quitter la région rapidement, s'ils voulaient trouver un employeur. Le problème était que Graves allait avoir du mal à les retrouver s'ils partaient maintenant, et qu'ils n'allaient pas l'attendre indéfiniment s'il était mort. Bizarrement, le drow avait du mal à envisager cette option. Il connaissait son lieutenant pour être particulièrement fort pour se sortir des situations à risque.

«Fais envoyer une patrouille à sa recherche. Assez grosse pour intimider le comte, s'il devait malgré tout l'avoir mis dans un de ses culs de basse-fosse... Au moins une trentaine d'hommes. Et qu'ils n'hésitent pas à ratisser la forêt s'ils ne le retrouvent pas.
-À tes ordres.»

Stoner sorti, Zyakan se mit à contempler la carte qui ornait la paroi de sa tente. En temps de guerre, le parchemin légèrement jauni par les ans était en permanence posé à plat sur la table et recouvert de drapeaux ou d'indicateurs de position. Mais il subissait lui aussi le manque de combats. Il avait fallu libérer la table pour étaler la paperasse.

Un court instant, le commandant Tesk'Ay se sentit réellement déprimé.

Par chance, l'irruption d'un soldat dans sa tente le fit revenir à la réalité.

«Commandant... Il y a une femme qui veut vous voir.
L'homme parlait doucement, presque en chuchotant. Comportement inhabituel qui attira l'attention de Zyakan, à tel point qu'il mit quelques secondes avant de se rendre compte de la teneur du message.
-Une femme ?
-Oui, une drow.»

Recevoir une dame dans sa tente était assez inhabituel pour lui -si l'on excepte les visites occasionnelles de filles de joie-, et il n'avait pas eu de contact avec un elfe noir depuis... longtemps. Une femme, drow de surcroît, était un phénomène plus que rare.

Mais il n'eut pas le temps de s'étonner vraiment que déjà on introduisait ledit phénomène.

Une... mendiante ?


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Pandore

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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptySam 11 Mai - 12:21

« Ne me touchez pas... » siffla l'elfe en retenant un frisson de répugnance. Elle n'eut même pas besoin de feindre le dégoût que lui procuraient ces hommes. Profondément enfouies dans les abîmes de son âme depuis qu'elle s'était retrouvée seule dans la nature, recouverte de poussière et vêtue comme une esclave, ses manières de nobles remontaient peu à peu à la surface, poussées par l'espoir qu'elle avait regagné et la nécessité de passer pour plus qu'elle n'était.
Son cœur s'était mis à battre plus fort et ses palpitations se faisaient ressentir jusque dans ses tempes. Ses jambes étaient devenues lourdes et fatiguaient un peu plus à chaque pas. Mais curieusement, le mal de crâne qui la torturait depuis plusieurs heures s'était évanoui. Chassé par le besoin. Il avait laissé place à une clairvoyance contrainte et à une raisonnable capacité de réflexion.
Les soldats s'échangèrent d'abord quelques regards incrédules et s'interrogèrent les uns les autres. Leurs sourires malsains avaient rapidement disparus et Pandore pouvait sentir que sa scène faisait son petit effet. A vrai dire, elle n'osait même pas imaginer ce qu'il se serait passé si ça n'avait pas été le cas.
Un des quatre pris enfin la parole et s'adressa à elle d'une voix qu'il voulait sans doute assurée et digne mais qui hésita d'un bout à l'autre :

« Hrm. Si vous voulez bien nous suivre... »

Pandore fit de son mieux pour le foudroyer du regard en bonne et due forme et prit sa suite sans attendre que les trois autres se placent sur ses côtés et derrière elle. Elle poussa un long soupir après avoir passé une main dans sa chevelure désordonnée, déguisant ainsi sa nervosité en agacement.
Chaque seconde qui passait était du temps de gagné. Et à vrai dire, elle aurait aimé que ce trajet, de la bordure du campement jusqu'à la tente du chef, ces deux petite minutes, durent toute la vie. Elles étaient certes pesantes et son ventre bouillonnait intensément mais au moins, elle était en sûreté. Plus ou moins. Plus que quelques heures plus tôt, en tous les cas. Quant à ce qui allait suivre, l'incertitude était difficilement supportable. Elle sentit les gardes passer en revue chaque recoin de sa silhouette puis s'échanger leurs avis par communication oculaire et se sentit humiliée. Oui, humiliée.
Parce que la peur ne connaît pas la pitié et qu'elle peut facilement anéantir la colère.
L'elfe se répéta une bonne douzaine de fois de réfléchir, de trouver une solution, tout de suite... Et plus elle y pensait, moins elle arrivait à se concentrer. Classique mais inéluctable. Pandore se mordit les lèvres et ravala ses larmes. Elle croisa les bras sous sa poitrine pour tenter de combattre le froid et haussa légèrement les épaules. Bientôt, son anxiété surgirait comme un diable de sa boîte.

La voix du soldat qui avait mené le cortège retentit enfin. Ils s'arrêtèrent tous devant la tente la plus haute et la plus large du campement, ce que Pandore remarqua sur le coup et non pas avant. Elle avait fixé le sol tout le long de la marche et n'avait prêté attention qu'aux chuchotements carnassiers des quelques mercenaires qu'ils croisèrent. Son regard s'était alors voulu assassin, mais certains d'entre eux prirent manifestement le geste pour une espèce de blague. Elle leva les yeux sur l'abri de toile que la sentinelle lui désigna tout en déclarant :

« Voici la tente de notre chef. Si vous voulez bien m'excusez, je vais le prévenir de votre... Arrivée. »

Elle hocha la tête en feignant l'impatience et sentit une nouvelle fois la chaleur monter en elle. Les soldats restants demeurèrent immobiles à ses côtés, se raclant nerveusement la gorge de temps à autres. Pandore laissa ses yeux balayer la vue sans même savoir ce qu'elle cherchait. Le mercenaire ne sortit qu'une dizaine de secondes plus tard, agitant la tête en signe d'affirmation et se rangea sur le côté de l'ouverture.

« Je vous en prie. » souffla-t-il sans oser regarder la jeune elfe dans les yeux. Pandore s'avança alors lentement. Et c'était fini. Ses forces la quittèrent avec lourdeur et elle se mit à trembler de peur. Trop faible pour retenir les frissons. Ses yeux s'humidifièrent rapidement et son visage se statufia dans une expression de crainte. Le premier pas qu'elle fit dans la tente la déstabilisa tellement qu'elle en perdit presque l'équilibre. Le mercenaire qui s'était transformé en valet entra à sa suite, la poussa à s'avancer plus qu'elle n'aurait voulu, et souffla un mot à son chef.

L'elfe se décida enfin à poser le regard sur l'homme à qui elle faisait maintenant face... Et resta figée. Les lèvres légèrement entrouvertes, Pandore eut un mouvement de recul. Elle sentit les noeuds que la peur avait noués partout en elle se défaire en une seconde, la pression s'évaporer. Et pourquoi ?
Sans raison en réalité. Parce qu'elle aurait plutôt dû paniquer, s'enfuir en courant, se rendre aux hommes de son père. Parce que non, cette peau cendrée, ces yeux couleur de sang et cette chevelure de neige n'auraient pas dû être un bon présage. Se retrouver face à l'un des siens n'avait rien de positif. En théorie.
Peu importe, c'est ainsi que Pandore réagit. Ses sens étaient sans doute déréglés par la fatigue et le manque de repères. Peut-être que finalement, il n'y a que ça qui peut vaincre la peur.

Le courage lui revint pour une dernière courte minute. Il monta en elle en un dernier effort et lui insuffla la force de prononcer quelques mots sans perdre trop de crédibilité. Pour rester dans le rôle. Encore un tout petit peu.

« Je... Je ne m'attendais pas à tomber sur un elfe noir. » confessa-t-elle.


Dernière édition par Pandore le Lun 27 Mai - 19:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyLun 27 Mai - 10:45

Ce n'était pas une mendiante. Les habits déchirés que portait la femme qui venait d'entrer dans la tente n'étaient pas ceux des crève-la-faim et va-nus-pieds de tous poils qui grouillaient dans les caniveaux. Sous la crasse qui les recouvrait, on distinguait encore en filigrane l'étoffe fine des vêtures drow, et ni la coupe ni les motifs qui les ornaient ne lui étaient étrangers. L'emblème qui ornait sa ceinture évoquait même en lui un vague souvenir, mais la boue qui le recouvrait en partie l'empêcha de distinguer précisément de quoi il s'agissait.

Non, ce n'était pas une mendiante qui était entrée dans la tente. Il y avait même des chances qu'elle soit membre d'une famille noble du royaume des ombres. Sa démarche peu assurée sur le sol inégal dénotait une certaine habitude des dalles de marbre. Et sa manière de perdre l'équilibre, tout comme l'air nauséeux qui se dépeignait sur son visage, marquait tout sauf son adaptation aux milieux rustiques. Tous ces éléments lui procuraient une curieuse sensation de déjà-vu. Dans sa jeunesse, peut-être avait-il déjà eu affaire à une telle situation... Mais toujours était-il que recevoir une demoiselle de son peuple n'était pas dans ses habitudes, et le soldat qui avait introduit la demoiselle semblait être dans le même cas. Zyakan quitta un instant cette dernière des yeux pour interroger du regard son garde. Qui sembla embarrassé.

« Elle avait demandé à vous voir, commandant. Et... Elle avait l'air de quelqu'un d'important. J'ai... On a pensé qu'il fallait peut-être vous la montrer.
-Laissez-nous, soldat. »

Le garde sorti, l'hybride revint à la jeune femme, et il s'aperçut qu'elle était en train de le regarder comme... comme une apparition mystique, ou quelque chose de ce genre. Figée, la bouche entrouverte, elle avait l'air totalement absorbée par son observation. Pendant quelques secondes, il ne réagit pas, incrédule. Mais la situation semblait être partie pour se prolonger, et cela en devenait presque gênant. Il allait y couper court quand la drow se décida enfin à parler.

« Je... Je ne m'attendais pas à tomber sur un elfe noir. »

Précision inutile. Ça se voyait à une lieue. Et ça ne le renseignait pas sur la raison de sa visite. Mais Zyakan avait décidé d'être patient. La rareté de ce genre de phénomène méritait que l'on s'y attarde un peu. D'autant que cette jeune femme réussissait l'exploit de l'intriguer un brin tout en l'amusant, ce qui valait bien un peu de son temps.

« Et vous vous attendiez à quoi? »
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptySam 29 Juin - 20:19

Pandore tenta de prendre une profonde inspiration mais n'en vint pas à bout. Elle resta figée un instant, les lèvres entrouvertes et les poumons gonflés. Avant de pouvoir expirer, quelque chose bloqua dans sa gorge en accompagnant les larmes qui brouillèrent soudainement sa vue. Elle crut un instant suffoquer mais parvint finalement à reprendre le contrôle de sa respiration.

La chasse avait suffisamment duré. La drow se sentait comme une biche épuisée qui venait de pénétrer sur le territoire d'un cerf dominant. Peut-être que son intrusion le mettrait en colère. Ou peut-être qu'il se montrerait assez clément pour la protéger des chiens excités qui la poursuivaient sans aucun doute. Elle ne put s'empêcher de joindre les mains et de tortiller ses doigts nerveusement. Impossible de quitter du regard les yeux elfiques du chef de la guilde, qui la fixait réciproquement. Son expression ne communiquait pas grand-chose. Du moins, elle n'évoquait pas grand-chose à Pandore qui avait rarement observé autre chose que le mépris, la haine ou le désintérêt sur les visages de ses congénères. Elle ne lisait en l'occurrence qu'une espèce de surprise secondaire. Rien d'intense. Pas de peur ni d'enthousiasme.

Pandore tenta d'articuler quelque chose mais aucun son ne sortit. Elle ferma et rouvrit la bouche plusieurs fois à la manière d'une carpe, en vain. Elle pouvait sentir le liquide salé glisser sur ses cils et savait que dans quelques secondes, il roulerait sur ses pommettes. Elle aurait sans doute pu les ravaler. Elle n'en avait simplement plus l'envie.
Lorsqu'une larme dégringola enfin le long de son nez, elle eut le réflexe de baisser la tête, comme pour le cacher. Elle retint un hoquet et fixa le sol un instant, percevant un mouvement agacé devant elle. Elle comprit que son hôte commençait à perdre patience et se souvint qu'elle avait déjà fait les frais de la colère d'un drow irrité. Les contusions étaient restées des mois durant.

Elle releva alors les yeux et souffla d'une voix tremblante, presque plus pour elle que pour son interlocuteur.


« Très bonne question. »

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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMar 2 Juil - 9:38

Mais c'est qu'elle pleurait, maintenant. Ou en tous cas, elle était bien partie. Alors qu'ils étaient encore en train de le fixer, ses yeux s'humectaient déjà, ajoutant une touche au pathétique de cette drow.

Amusant, sans plus.

La scène était juste assez inhabituelle pour garder un minimum de son attention. Mais à ce rythme, elle allait rapidement s'évaporer, d'autant plus vite que l'elfe continuait à ne pas s'expliquer sur les raisons de sa présence.
Ça y est, elle baissait déjà la tête pour masquer ses larmes. Zyakan lâcha un soupir et s'assit à demi sur sa table. On s'éternisait.

La drow se décida enfin. Et une fois de plus, sa réponse n'en fut pas une.
« Très bonne question », souffla-t-elle, à peine audible. Normal, c'est lui qui l'avait posée.

La situation devenait risible. Mais l'idée de la jeter hors de sa tente et de laisser ses hommes se distraire avec elle eut à peine le temps de lui traverser l'esprit qu'un soldat fit irruption dans sa tente, manquant bousculer la jeune femme.

« Commandant, un groupe de cavaliers drows est arrivé au camp. Leur chef demande à vous voir.
-Combien de cavaliers?
-Une bonne vingtaine.
-Et qu'est-ce qu'ils veulent?
-Ils ont pas dit, commandant. »

Beaucoup trop de drows en une seule soirée. Zyakan eut un regard vers l'elfe, prostrée contre la paroi de toile. Beaucoup trop de coïncidences aussi. Il attrapa le fourreau de son épée bâtarde pour se le passer en bandoulière et se dirigea vers la sortie de la tente. Mais à peine avait-il franchi le seuil qu'une voix le stoppa.

« C'est pour moi qu'ils viennent. »

Sans blague.



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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 7 Aoû - 11:57

Les mots lui étaient revenus.
En même temps, ce n'était plus vraiment le moment de s'apitoyer. Cela agaçait le chef des mercenaires, cela l'agaçait presque elle-même puisque même si elle ne savait plus quoi faire, elle savait que cela ne l'aidait pas. Pas beaucoup, en tous cas. Il était temps que quelque chose mette fin à cette scène pathétique.
Pandore retint un frisson lorsque le soldat prononça sa déclaration. Elle l'écouta comme si on lui lisait son arrêt de mort mais le fait de reposer son regard sur celui qui lui faisait face l'apaisa sensiblement.

Ainsi donc, ils n'étaient qu'à quelques dizaines de minutes derrière elle. Finalement, elle avait eu de la chance de tomber sur ce campement. Beaucoup plus que ce qu'elle ne croyait. Pandore s'imagina pendant quelques secondes ce qu'il se serait passé si elle avait dû affronter une vingtaine de soldats seule... Et s'empressa de chasser ces pensées cauchemardesques en secouant la tête.

L'homme à qui elle s'adressait quelques instants plus tôt n'était pas encore tout à fait sorti. Ses mots l'avaient interrompu, même si leur signification ne semblait pas le surprendre. Pandore nota néanmoins que dans une telle configuration, il s'apprêtait à la laisser seule dans sa tente... Oui, après tout, rien ne l'obligeait à sortir à sa suite.
Non.
Non, ça, c'était hors de question.
Autant rester cachée.

Par reflexe, Pandore se contenta de se rapprocher d'un coin de la tente de façon à ce qu'aucune ombre ni aucun mouvement ne trahisse sa présence.
Et elle laissa le chef du camp parlementer.


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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyJeu 15 Aoû - 12:21

-Que voulez-vous?

Zyakan s'était approché des drows sans discrétion particulière, mais sa tenue devait être trop proche de celles de ses soldats pour qu'ils le remarquent, surtout s'ils étaient habitués à des chefs fanfaronnant dans leurs froufrous. Visiblement, le même petit effet de surprise se produisit sur ces valeureux guerriers que sur la potiche qu'ils traquaient lorsqu'ils eurent leur compatriote en face d'eux.

Demi.
Demi compatriote. Il avait payé assez cher pour ne pas l'oublier, et pour ne pas oublier que n'importe quel drow sentait sans problème l'imperfection de son sang. Et pour cette raison, il fut satisfait de voir que ses hommes entouraient déjà les trois émissaires qui étaient entrés dans le camp, et maintenaient le reste des cavaliers à l'extérieur.

Toujours est-il que, passé le temps de réaction et d'assimilation pendant lequel les elfes froncèrent imperceptiblement leurs narines par mépris ou dégoût, celui qui semblait être le chef de ces soldats avança vers l'hybride et déclara, sur un ton froid qui sentait bon la diplomatie forcée :

-Nous cherchons la jeune femme qui est venue trouver refuge dans votre camp. Pourriez-vous nous l'amener ?

Vingt cavaliers en armures rutilantes pour une fille. Cet aspect de la situation ne l'avait pas frappé jusque-là. Pour que cette fille revête tant d'importance, elle devait soit avoir fugué d'une maison puissante, soit avoir tué un membre d'une de ces maisons. Vu son allure, la première option avait plus de chances d'être la bonne.

Les affaires de famille n'étaient pas ses affaires, et il aurait logiquement dû jeter avec joie cette pleureuse en haillons dans la boue aux pieds des drows, contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Mais elle avait eu le mérite de le distraire un peu, et puis... pour tout dire, il n'avait aucune envie de s'écraser devant des prétentieux. Et puisqu'il ne servait vraisemblablement à rien de faire semblant, les elfes noirs étant fins pisteurs, il allait faire autrement.

-Vous m'en voyez désolé, mais... les temps sont durs pour tout le monde, n'est-ce pas ? Et je comptais considérer cette demoiselle comme une prise de guerre. À moins, bien sûr, que vous ayez une raison prioritaire de vouloir l'obtenir... Contre autre chose de valeur équivalente, cela va de soi, ajouta-t-il avec un gentil sourire narquois.

Autant la colère se lisait-elle parfaitement sur les visages des deux soldats plus jeunes qu'il avait en face de lui, autant le chef de la petite troupe semblait-il assez expérimenté pour garder son calme et interrompre d'un geste les ardeurs de ses hommes qui s'apprêtaient déjà à tirer l'épée. Mais le renforcement de froideur qu'il affichait montrait qu'il n'était pas resté de marbre à la provocation. Et ses paroles le confirmèrent.

-Cette fille a tué sa sœur et déshonoré sa famille, lança-t-il comme on fait claquer un fouet. Elle doit payer pour ses crimes, et nous sommes là pour la ramener à son père.

Les yeux du chef drow étaient particulièrement durs, mais ils eurent le temps de laisser passer une lueur de surprise quand l'intéressée lui répondit depuis la tente de Zyakan. En criant, donc.



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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 11 Sep - 17:02

L'intérieur de la tente était plongé dans une obscurité inégale qui attribuait à chaque chose une allure malfaisante. Le mobilier était principalement constitué d'armes, de butins et de parchemins, entassés en une sorte de désordre rangé que Pandore mit sur le compte de deux choses, à savoir la vie de nomade et la masculinité de son propriétaire. Elle ne s'attarda néanmoins pas sur la décoration puisque toute son attention était portée sur ce qui se passait à l'extérieur et allait décider de son sort. L'elfe noire ne pouvait percevoir que les bruits métalliques des armes prêtes à réagir et le murmure sourd mais oppressant qui parcourait la foule formée par les hommes de son hôte. Elle comprit rapidement que le combat qu'elle espérait ne s'engageait pas, laissant place à de convenus échanges diplomatiques entre les deux chefs. Elle abandonnant sa contemplation pendant quelques secondes pour se lancer à la recherche de quelque chose qui lui donnerait une petite once d'espoir d'en sortir pas tout à fait morte. Elle tomba maintes fois sur des armes si particulières qu'elle ne sut comment un être doté de bras et de jambes, comme elle, était censé s'en servir puis trouva son bonheur dans la présence d'une fine dague peu travaillée. Elle l'approcha de son visage d'une main tremblante puis la serra contre elle comme si sa vie dépendait de la proximité de cette chose avec son corps. Sentant une montée d'adrénaline la réchauffer soudainement, Pandore se replaça dans le coin de la tente qu'elle semblait maintenant affectionner et se concentra plus que jamais pour percevoir des bribes de conversation. Se sachant seule, elle ne se sentait plus obligée de cacher ses signes d'anxiété et avait porté son poing gauche à ses lèvres, mordillant ses phalanges fébriles. Tous ces gestes semblèrent l'aider à la concentration et affiner son ouïe déjà bonne. C'est en tout cas ce qui pourrait expliquer que la jeune elfe noire saisit la fin de la déclaration de demi-drow, celle-là même qui parut suffisamment déplaire au chef de la garde de son père pour qu'il hausse très légèrement le ton. Lorsque ses mots parvinrent aux longues oreilles elfiques de Pandore, cette dernière ouvrit de grands yeux et releva la tête qu'elle avait gardée inclinée vers le bas pour mieux fixer le sol. Ses doigts se resserrèrent douloureusement sur la garde de la dague tandis que son poing gauche s'éloigna de sa bouche. Elle lança son regard en direction de l'homme qui osait l'insulter mais bien entendu, tout ce qu'elle vit fut un pan de toile sur lequel une faible bougie projetait sa propre ombre. Le sang de Pandore ne fit qu'un tour et c'est d'une voix plus assurée que jamais, même si porteuse d'émotion, qu'elle tint à se défendre. Écartant d'une main vive et brusque les deux pans de la tente qui en formaient l'entrée et se dévoilant dans toute sa noblesse souillée et refoulée, les joues encore humides mais le regard digne, l'elfe noire déclara en imposant le silence le plus complet :

« C'est faux ! Alors que tous les yeux se rivèrent sur elle, la plongeant dans un malaise dont elle profita un instant, fière de provoquer la stupéfaction pour la première fois de sa vie, Pandore ajouta un peu plus bas mais sûre qu'on l'entendrait. Je n'ai tué personne. »
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 16 Oct - 21:12

Zyakan apprécia ce silence. Il en goûta chaque court instant avec la délectation d'un violeur devant une jolie pucelle. Ce subtil mélange de jubilation et de suspense était réjouissant.
Vraiment.

La jubilation venait de l'allure pour le moins cocasse de ces trois fiers soldats, qui venaient de se faire clouer le bec par la petite potiche qu'ils étaient censés traquer. Magnifique contraste entre ces hommes en armure et la fille en haillons qui leur faisait face. Peu de choses étaient plus jouissives pour lui que de voir des orgueilleux se faire rabattre le caquet. Particulièrement si c'était par plus petit qu'eux, et d'autant plus s'ils étaient drows. Le suspense concernait surtout la façon dont allait se dérouler la suite. La fille allait vraisemblablement continuer sur sa lancée avant que les cavaliers ne reprennent la parole. Elle avait l'air de savoir jouer avec les silences. Restait à voir si elle saurait être plus convaincante que l'instant précédent, sous la tente.

Pour le moment, il était comme au spectacle.


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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMar 7 Jan - 18:55

Pandore sentait sur elle d'inombrables paires d'yeux exprimants des surprises de différentes natures; si une majorité des mercenaires dont elle venait d'infiltrer le camp ne cachaient par leur amusement, le trio formé par les soldats de son père semblait se délecter d'un étonnement plus malsain, sans doute persuadé que, grâce à la stupidité évidente de la drow, sa mission était maintenant destinée au succès. Mais ce qui lui arracha un frisson et fit trembler ses machoîres était une paire d'yeux en particulier, un regard sanguin qui lui inspirait un malaise désiré depuis la seconde où elle l'avait croisé pour la première fois. Bien que concentrée sur son petit effet, la fugitive ne put retenir un coup d'oeil en biais vers le visage du demi-drow en qui elle sembla presque chercher du réconfort et ne trouva qu'une indifférence cruelle. Ses yeux de glace se firent plein de défi puis se posèrent de nouveau sur l'homme qui menait la patrouille aux emblèmes de sa famille, un drow aux traits carrés dont ni le nom ni le faciès ne lui étaient inconnus. Il était évident que tout le monde n'attendait que l'instant où elle reprendrait la parole puisqu'il n'y avait pas grand-chose à dire, ni du côté des mercenaires, ni de celui de ses poursuivants.
Pandore prit une longue inspiration en prenant garde à ne pas expirer immédiatement mais à garder sa poitrine gonflée dans une posture à la fois fière et belliqueuse qui, sur la silhouette d'une prêtresse de Lolth, était synonyme d'un arrêt de mort. Elle lâcha le pan de la tente d'un geste désinvolte et fit un pas en avant, la tête haute et le regard glacial.


« Contrairement au tyran qui vous dépêche pour retrouver sa fugueuse de fille, jeter son misérable corps à ses pieds pour qu'il puisse déchaîner sur elle sa haine et son dégoût de la vie qu'elle a osé vouloir préserver, et ce pour une poignée de pièces d'argent par mois qui suffisent à peine à payer vos boissons d'ivrognes... Je ne suis pas une meurtrière. » Elle marqua une pause, un silence de mort régnait sur le camp. Les trois soldats de sa Maison se mirent bientôt à grincer des dents et leur agitation fut trahie par plusieurs cliquetis métalliques, ce à quoi Pandore répondit par un discret sourire sadique dissimulant avec brio la peur bleue qui lui nouait le ventre. Elle se mit à marcher très lentement, par petits pas élégants, faisant apparaître de manière régulière la noirceur de sa peau entre deux lambeaux de jupons. D'un geste rapide et précis, elle fit se retourner la dague dans sa main de façon à la tenir fermement et dans le bon sens. Elle laissa ses spectateurs remarquer son action, une pensée pour l'homme à qui elle l'avait emprunté sans demander -mais dont elle ne perçut aucune réaction- puis poursuivit son jeu de mise en scène. Elle baissa les yeux pour feindre l'humilité, un geste qui, accompagné d'acides piques sarcastiques s'avérerait des plus insultants, tourna les talons et repartit dans la direction opposée, pour que chacun puisse admirer le profil qu'il n'avait pas encore vu. Elle traça ainsi une trajectoire linéaire entre les mercenaires et les soldats de son paternel qu'elle suivit tout le long de son monologue.

« Et pas plus que, dans la faiblesse que représentent la bienveillance et le respect que l'on peut porter à la vie d'autrui, je ne corresponds aux attentes noblement sordides, précieusement cruelles et hautement avides de pouvoir que ma famille a pour chacun de ses membres, vous, dans votre médiocrité aveugle, reflet d'une bassesse asservie, d'une absence d'amour propre et de toute marque de dignité, ne faites que déshonneur au puissant visage de ma lignée. Elle releva les yeux, rencontra ceux du chef de la patrouille qui lançaient des éclairs, fit disparaître son sourire et poursuivit. Soyons raisonnables, vous, comme moi. Cessons d'entacher la réputation d'une respectable Maison drow, protégée de Lolth, et après m'avoir laissée là, parmi des chasseurs de primes, des brigands, me rabaissant au statut de hors-la-loi et de fugueuse, imitez-moi et rejoignez les rangs auxquels vous appartenez vraiment. Restez là où vous devriez être. Ayez ce courage, au nom de la famille que vous servez. Ne sortez plus jamais de vos fanges. » Les dernières phrases s'étaient faites vénimeuses, pleines d'aversion, de dégoût, d'écoeurement. Pandore s'était figée, bien en face du plus gradé, les jambes légèrement écartées et les poings serrés.

Le drow à qui elle venait presque de cracher au visage lui renvoya son regard assassin, ses épaules se haussèrent lentement, ses poings fermés depuis un moment s'ouvrirent, ses doigts se tendirent les uns après les autres pour se crisper de nouveau.


« Si tu tiens à en faire une affaire personnelle, chienne, c'est avec plaisir que j'exaucerai une dernière fois tes souhaits. » siffla-t-il entre ses dents.

Pandore lui adressa un sourire charmeur, retenant avec difficulté les tremblements terrorisés qui voulaient s'emparer de son corps. Elle écarta les bras et recula de quelques pas, le visage illuminé.


« Vous voyez combien sont ces hommes ? Quelle chance avez-vous contre eux ? Je m'en sortirais sans aucune égratignure et vous vous ferez exterminer. Partez vous dis-je, je suis entre de bonnes mains. » En reculant de sa démarche féline, Pandore se rapprochait de plus en plus du dirigeant des mercenaires dont elle craignait en ce moment la réaction plus qu'elle n'aurait craint la mort seule, dans un cocon de toile, sous les mandibules de Lolth elle-même. Elle ne lui adressa pourtant pas un regard, fixée sur le drow qui la menaçait. Elle laissa la tension monter encore d'un cran, sentant les soldats qu'elle affrontait bouillir sous leurs armures. Puis la drow entreprit de poser encore une fois ses yeux aigue-marine sur la figure émaciée, d'une certaine élégance, du soldat de droite qu'elle connaissait bien. Elle l'avait déjà reconnu dès qu'elle avait surgi de la tente puis, lors de ses va-et-vients intimidants, avait toujours veillé à lui envoyer des signaux dérangeants, désireuse de le mettre mal à l'aise. Jizzryn De Faën, un ancien garde qui lui devait une fière chandelle. Totalement contraire aux principes drows, à la limite même de l'humanitaire, ne pas avoir rapporté à qui que ce soit qu'alors qu'il devait l'escorter jusqu'au domaine voisin, elle avait failli perdre la vie à cause de son manque de responsabilité était un acte inscrit depuis longtemps sur la liste des choses qui faisait de Pandore une elfe noire tout à fait indigne.
C'était le moment de faire une petite faveur à la déesse du Chaos.

Alors que le silence semblait prêt à être brisé par une autre voix que la sienne, Pandore surprit son public en prolongeant encore son discours. Après un petit ricanement, elle secoua la tête.


« D'ailleurs, je ne suis même pas sûre de rentrer vivante au domaine si je suis placée entre les vôtres... Elle plongea son regard dans ceux de Jizzryn dont le visage se décomposa aussitôt. J'ai déjà fait les frais de la pathétique incapacité de certains d'entre vous à me protéger des rats de la ville sur quelques kilomètres... »
Le jeune drow laissa échapper un juron et, provoquant la surprise de tous -sauf peut-être de Pandore- dégaina en un éclair et s'avança vers elle d'un pas menaçant, les yeux emplis de rage.


Dernière édition par Pandore le Dim 12 Jan - 22:26, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 8 Jan - 22:27

Surprenante. La petite elfe noire déployait une éloquence insoupçonnée, et positivement surprenante. Elle était en train de passer, devant les mercenaires réunis autour d'elle, du statut de potiche pathétique à celui de noble victime, et elle arrivait même à rabaisser ses adversaires au niveau où ils auraient voulu la voir, elle. Joli.

Très joli. Zyakan en serait resté bouche bée s'il ne s'était pas contrôlé. Il sourit cependant lorsque la drow -qui, en passant, exhibait une belle dague qu'il se rappelait avoir vue sous sa tente- eut des mots écœurés sur les hommes qui l'entouraient. Elle avait beau être en haillons, elle dégageait la puissance d'une noble. Et passée la surprise, les soldats qui étaient venus pour la ramener, l'instant d'avant si arrogants, en prenaient sérieusement pour leur grade. Leur capitaine marmonna quelques mots doux qui montraient qu'il n'était pas loin de perdre son calme. Et les deux autres à ses côtés étaient manifestement à deux doigts de l'ébullition, mâchoires et poings serrés, en train de fusiller l'elfette du regard. Le visage de ces soldats n'était d'ailleurs pas tout à fait étranger à l'hybride qui reconnut, pour avoir dans une autre vie, quand il n'était encore qu'un gamin, été accueilli et escorté par lui, le capitaine Valas, fidèle serviteur de la famille De Faën. Il n'avait pas beaucoup changé, depuis le temps. Le même menton volontaire encadrait le même visage carré, à peine vieilli par l'âge, mais passé en quelques dizaines de secondes du noir au gris clair face à ce petit brin de fille.

Mais Zyakan cligna des yeux quand le petit brin de fille déclara explicitement être sous sa protection. Elle avait un sacré culot de croire qu'il s'opposerait de front à une famille du royaume des Ombres pour sauver la peau d'une fugueuse vêtue comme une clocharde venue lui mendier de l'aide, sous prétexte qu'elle arrivait à tenir tête à des soldats chevronnés et qu'elle retournait des foules en sa faveur. Enfin... En fait... Après une courte réflexion, l'hybride cligna des yeux à l'adresse de Stoner, qui, malgré son air impassible, était encore plus surpris que lui. Cette drow était bien trop étonnante pour qu'on la laisse s'envoler comme ça.

Et quand celui qui semblait le plus jeune des soldats, visiblement piqué au vif par les propos acerbes de celle qui lui faisait face, dégaina et s'avança vers elle avec un regard enflammé, le sang de Zyakan ne fit qu'un tour. Avant que quiconque dans l'assistance n'ait réagi, sa main se porta à sa ceinture et il n'eut que deux pas à faire pour que la pointe de son épée aille se ficher sous la gorge du drow, le stoppant net.

«-Tu retardes, petit. Mademoiselle est sous ma protection, déclara-t-il doucement, mais d'une voix audible de toute l'assistance. Il put tout de suite voir du coin de l’œil un net soulagement dans l'attitude de l'intéressée. Vous n'aurez pas le temps d'un battement de cils avant de joncher le sol, fit-il après quelques secondes au chef des elfes noirs, sans quitter l'autre du regard. Dites-lui de rengainer. »

Il y eut un instant de tension palpable avant que l'officier ne lâche un « Rengaine, Jizzryn. »
Le drow s'exécuta à contre-cœur, et l'épée bâtarde quitta sa gorge pour s'abaisser jusqu'à mi-hauteur, tandis que son porteur se tournait vers le chef.
« Bien. Maintenant, capitaine, vous et vos hommes allez sagement sortir du camp et retourner chez vous porter à ce cher vieux Jeggred les amitiés de Zyakan Tesk'Ay. Puis, s'approchant de lui, jusqu'à lui chuchoter dans l'oreille : Et précisez-lui que je pourrais être très inventif avec sa progéniture, s'il lui venait à l'esprit de me chercher des noises. »
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyDim 12 Jan - 21:47

Pandore ne se donna même pas la peine de retenir le soupir de soulagement et le sourire radieux qui apparurent sur son visage lorsque le demi-drow s'interposa entre elle et son agresseur. Elle suivit le reste de la discussion distraitement, l'esprit ailleurs. Elle songeait déjà à la suite des évènements entre le dirigeant des mercenaires et elle, sachant pertinemment que tout n'était pas encore gagné. Elle se tint là, les mains paisiblement croisées devant son ventre, telle une actrice sortie de scène après un long monologue, dans l'ombre des coulisses, observant le jeu de ses collègues par solidarité... C'est quand elle ne put plus entendre les répliques échangées par les deux chefs qu'elle se mit à reculer lentement, prévoyant de s'éclipser dans la tente dont elle avait surgi plus tôt. Elle vit le demi-drow et ses hommes s'éloigner pour raccompagner leurs invités à la sortie du camp, ce qui lui arracha de nouveau un sourire satisfait. Elle tourna les talons et s'approcha de l'abri de toile resté gardé par une sentinelle fidèle à son poste. La jeune elfe fronça sensiblement les sourcils devant cette petite contrariété mais avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, elle vit le soldat jeter un oeil derrière elle, la toiser rapidement, faire un geste d'acquiescement puis hocher la tête humblement en la regardant dans les yeux. Pandore ne se retourna même pas de quelques millimètres pour voir le visage de celui qui lui avait épargné des futilités, bien qu'elle perçut une présence et des pas s'éloigner dans son dos.

Elle écarta élégamment les deux pans de la tente et y pénétra sans tarder. Le désordre qui y régnait la laissait perplexe mais n'était pas pour lui déplaire, comme si l'exotisme d'une pièce vivante faisait son effet. Elle n'était définitivement pas habituée à la poussière et au bazar. Elle caressa quelques objets du bout des doigts, laissa son regard vagabonder sur les armes diverses et éparses qui constituaient majoritairement le mobilier. Des coffres de toutes tailles et de toutes formes, certains vides et d'autres débordants, étaient rassemblés dans les coins. Une toile traversait la tente et séparait cette première pièce de ce qui semblait être la chambre du demi-drow. Pandore jeta un petit coup d'oeil derrière elle, la souleva doucement et observa longuement ce nouveau mobilier. Une large paillasse en plutôt bon état était posée sur le sol, recouverte de plusieurs fourrures et d'oreillers. La jeune elfe noire esquissa un sourire amusé. Qui aurait cru que les mercenaires étaient aussi exigeants en matière de confort ? A la vue de ce nid douillet -après tout ce qu'elle avait éprouvé ces derniers jours, ce qu'elle avait sous les yeux lui paraissait être un petit coin de paradis- les douleurs aux jambes, aux bras et à la tête qu'elle avait surmontées jusque là lui rappelèrent leur existence et un  léger rictus de frustration déforma son visage fatigué. Après un instant d'hésitation, elle céda alors à la tentation et pénétra entièrement dans la pièce, laissant tomber la toile derrière elle, et s'allongea sur la paillasse. Elle s'installa sur le côté, faisant glisser ses mains jointes sous l'oreiller qui soutenait sa tête et ferma les yeux... Puis se laissa aller à une délectable langueur.
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 15 Jan - 22:22

Tandis que Zyakan et quelques-uns de ses hommes raccompagnaient les elfes noirs à la sortie du camp, la tension qui remplissait l'espace quelques instants plus tôt avait fait place à une ambiance bien différente : les elfes noirs, bouillants de l'humiliation qu'ils venaient de subir, étaient la cible de regards amusés et de plaisanteries discrètes que les oreilles elfiques ne percevaient que trop bien. L'hybride retenait cependant le sourire qui lui serait facilement venu aux lèvres. Il songeait maintenant à la suite des événements. La menace devrait tenir le vieux Jeggred à distance, mais cela n'impliquait pas une grande sympathie de sa part. Au contraire, le seigneur drow outragé ne rechignerait sans doute pas devant la moindre occasion de lui foutre la face dans la boue. Aussi ne comptait-il pas la lui laisser, cette occasion. Il allait en vitesse mettre une marge raisonnable entre la compagnie et les frontières du Royaume des Ombres.

Il se rendait également compte qu'il s'était attiré ces contrariétés pour au final pas grand-chose. La fille n'était peut-être qu'une petite pisseuse capricieuse pourri-gâtée, et chieuse à souhait. Sa fugue elle-même ne présageait-elle pas de ce genre de choses ? Hm. Non, ce n'était pas l'impression qu'elle lui avait donnée, ni quand elle était arrivée sous sa tente, ni quand elle avait tenu tête aux soldats de sa famille. Mais il est vrai que sa connaissance en matière de femmes était limitée à sa belle-mère et aux putains des camps, ces dernières ayant au moins le mérite d'être le repos des guerriers.
Enfin de toutes façons, le vin était tiré, il allait bien falloir le boire. Il était trop tard pour la renvoyer à son père ligotée sur un cheval.

Un des hommes de mains du capitaine Valas le fit sortir de ses pensées. La mâchoire serrée, celui-ci était monté en selle et venait de cracher à ses pieds. Un lapsus, sans doute. Zyakan lui adressa son plus grand sourire, gardant la main sur le pommeau de son épée. Il ne voulait pas de sang entre lui et les De Faën, ou alors sans survivant. Et là, les drows à cheval à l'extérieur du camp auraient été difficilement rattrapables.

Sur un signe énervé de leur chef, les elfes noirs se mirent au galop et disparurent sans se retourner, soulevant un léger nuage de poussière. L'hybride resta un moment à observer leurs silhouettes diminuer dans la nuit tombante. Puis il se retourna pour rentrer dans le camp. Un mercenaire le stoppa en l'interpellant d'un «Commandant ! Un groupe de cavaliers approche... Je crois que… c'est le capitaine Graves qui revient.» Effectivement, c'était bien Graves, accompagné de ses hommes et de la patrouille envoyée à sa recherche. Aussitôt qu'il fut descendu de cheval, Zyakan l'accueillit avec une accolade qu'il regretta aussitôt, Marcus étant en armure, et lui non. Avec un petit rictus de douleur, il demanda à son bras droit ce qu'il avait bien pu foutre pendant tout ce temps.

«Tu vas pas me croire, lui fit celui-ci. Le comte est d'accord pour passer un contrat de trois mois ! Il lorgne sur les champs de son con de voisin, et il a besoin de lui faire peur. » Le con de voisin en question possédait certaines terres trop belles pour lui, raconta Graves sur le chemin de la tente de commandement. Le comte avait besoin de lui mettre la pression par des petites razzias, et les razzias, ça les connaissait, non ?
«Dis-moi, on est à combien du territoire drow, ici ? L'interrompit l'hybride, refroidissant l'enthousiasme de son lieutenant par une pointe d'étonnement.
-Euh... pas grand-chose, même que dalle, je crois.
-Et merde...»

Devant l'incrédulité de Graves, et voyant qu'ils étaient arrivés devant la tente, Zyakan lui demanda de l'attendre ici pour l'instant, il lui expliquerait un peu plus tard, et il pénétra dans l'abri de toile. Il ne distingua aucune forme humaine dans la semi-obscurité procurée par la lanterne posée sur la table et les quelques torches accrochées aux montants, surplombant le bordel de coffres, de documents et de trophées qui régnait au pourtour de la pièce. Il resta un instant immobile. Un faible bruit de respiration lui parvint depuis le fond, derrière la cloison de toile. Il s'en approcha silencieusement, et contempla la jeune elfe noire assoupie sur son lit.

Après un assez long moment, Zyakan rompit le silence.
«Apparemment, le confort militaire vous contente, c'est bien. Mais vous ne m'avez toujours pas dit votre nom.»
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MessageSujet: Re: Une lueur grise au crépuscule    Une lueur grise au crépuscule  EmptyMer 26 Fév - 19:23

Pandore était très loin. Elle observait un lever de soleil douloureux pour ses yeux du haut d'un balcon. Sur une terre inconnue. Elle était penchée en avant, appuyée sur la balustrade de pierre blanche qui l'empêchait de tomber dans une sorte de foule végétale. Autour d'elle, des visages connus s'affairaient sans qu'elle ne puisse vraiment comprendre ce qu'ils étaient en train de faire.
Ce rêve était incroyablement réaliste. Lucide. Si ce n'est peut-être que les sensations y étaient amplifiées. Et pourtant. Pandore savait pertinemment que rien n'était réel et qu'elle somnolait en ce moment même dans la tente d'un inconnu. Comme il était délicieux de se reposer.

Lorsque une voix masculine l'extirpa de sa douce torpeur, Pandore eut un léger sursaut et ouvrit les yeux presque immédiatement. Bien malgré elle, son coeur se mit à battre un peu plus vite dans sa poitrine et la drow s'accorda quelques secondes pour reprendre son calme. On n'arrachait pas si facilement une femme éprouvée d'un sommeil qu'elle avait plus que mérité.
Quand enfin elle se décida à faire face au propriétaire de la paillasse qu'elle occupait, Pandore se replongea dans le jeu des apparences qu'elle ne quitterait sans doute plus jamais à partir de maintenant. Elle se redressa élégamment en prenant garde de ne faire aucun mouvement brusque ou maladroit. Elle commença par relever la tête puis à s'appuyer sur son bras droit pour soulever la partie supérieure de son corps. Le dos courbé de façon à avantager sa silhouette, elle tendit une jambe en avant et se tourna légèrement vers celui qui l'observait afin de lui lancer un regard plein d'assurance. La drow posait désormais comme une sirène sur son rocher, un bras en arrière et les jambes jointes. Elle demeura ainsi juste le temps qu'il fallut pour attiser l'impatience du demi-drow puis lui adressa un sourire sympathique, baissa humblement la tête, se laissa glisser en avant pour enfin se mettre debout - sans oublier d'emporter avec elle la dague qu'elle avait gardé à portée de main. Ses longues jambes grises se détendirent dans un craquement qui révéla leur engourdissement... Ce dont elle profita pour se mettre sur la pointe des pieds quelques secondes afin de les étirer.

Un nom. Il lui fallait un nom. Parce qu'elle n'en avait plus. Elle en avait eu un mais elle l'avait laissé dans la plaie sanguinolante de sa soeur.
Bizarrement, la drow ne put se trouver un patronyme dans la seconde qui vint. Elle savait pourtant plutôt bien improviser, mentir, inventer des choses. Mais se trouver un nouveau nom semblait être de trop grandes responsabilités. Sans scrupules pour celui qui attendait, elle s'accorda du temps pour y réfléchir et laissa son regard de glace se perdre dans les choses qui l'entouraient. Lorsqu'elle aperçut la lame de la dague qui épousait la courbe de son poignet, la jeune elfe se souvint y avoir décrypté quelques symboles partiellement effacés. Elle laissa alors échapper un rire mélancolique et, sans quitter l'arme du regard, soupira :


« Vous voulez mon nom... Et bien je ne sais pas. Vous n'avez qu'à m'appeler... Elle approcha la dague de son visage et sourit à son reflet qu'elle percevait déformé dans le métal. Puis replongeant ses yeux dans ceux du demi-drow, elle annonça fièrement : Pandore. »

~ Fin ~
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