- Gne ?!? C'est vraiment un nom ça ? T'as pas un surnom autre qu'une insulte ?

Quelle misère Elle était tombée sur les deux seuls voleurs humanistes de la cité. Pas qu'elle voulait pas aider la foule à mettre sur un piquet la tête d'un roi, juste qu'elle ne se voyait pas comme une force de la nature pouvant faire basculer l'équilibre ou abattre toute la garde.
L'artificier hyperactif se mit à concocter de nouvelles armes en donnant ses conditions tandis que Talphan préférait entrer par la grande porte et se faire tuer. Belle manière d'entrer dans la postérité, c'est sûr.
Il ouvrait la marche pour faire demi-tour, Malicia le héla:

- Désolé joli coeur, libre à toi d'être suicidaire, mais moi je tiens à ma vie. La vieille n'a rien à gagner à protéger les "grosses bedaines". Si tu as peur de salir tes beaux atours, tant pis pour toi. Ravi de t'avoir connu en tout cas ! Je laisserais une belle épitaphe sur ta tombe "Mort pour le peuple d'Espalion".

Elle lui tira sa révérence, de deux doigts qui quittèrent le haut de sa tête. Elle se retourna vers Gne:

- Ok l'artificier, je suis d'accord d'aider la foule par l'intérieur si du moins le risque n'est pas trop grand. Ca nous fera une sortie de secours de foutre du bordel et nous pourrons "sortir par la grande porte". Ca sera déjà ça ! Quant à ta deuxième requête, je ne peux que comprendre ta couar... ta prudence. Je passerais devant.

Après tout Talphan n'était pas celui qu'elle avait besoin pour entrer, bien qu'elle préférait qu'il la suive également. Elle cria pour bien se faire entendre de ce dernier:

- Si jamais vous me suivez, rester coller à moi durant le passage des douves, ma magie est de courte portée...

Et à l'instar de Talphan, elle ouvrit la marche dans le sens inverse, à la recherche de l'entrée des égouts.
Que les garçons la suivent ou pas, elle mettra son plan en oeuvre, même seule, avec l'espoir de pouvoir dégonder la grille à mains nues (oui car l'espoir fait vivre). Elle savait de toute façon que l'avertissement de la sorcière n'était un subterfuge.

Malicia fera donc le tour des douves en cherchant la grille des eaux usées. Lorsqu'elle l'aura trouvé, elle fera usage de sa magie pour traverser les douves. Elle mettra ses mains à plats devant elle en psalmodiant une formule magique oubliée du coeur des hommes et ses yeux prendront une teinte fluorescente. L'eau se transformera en glace sur un diamètre d'1m60 autour d'elle. Ses compagnons s'ils la suivent pourront traverser ainsi avec elle, comme l'avait fait autrefois un mage nommé Résus*.
La traversée se fera à pas moyens, le temps que le cercle de glace avance jusqu'à la grille des égouts.

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* On peut aussi attitré à ce fameux mage des sorts tels que la multiplication des pains et transformer l'eau en vin, une formule très recherché par les alcooliques et les taverniers, mais jamais retrouvée.

(Je laisse vague l'entrée des égouts pour permettre aux deux copains de beuverie de reprendre le train en route si besoin, parce que faut quand même avancer quand même...)
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Une fois la grille des égouts franchie, elle s'avança à l'intérieur de ce gros boyau à l'odeur aussi immonde que dans le cul d'un troll. L'odeur ragoutante, le filet d'eau malsain et d'une couleur incertaine qui traversait le tunnel puant, les bestioles grouillantes qui survivaient à l'intérieur, tout y était pour passer un moment inoubliable de franche camaraderie entre voleurs.
Un ballet de chauve-souris passa au-dessus de sa tête, elle se protégea comme elle pu. Dans la panique, les bestioles l'avaient griffées au niveau de la main, heureusement, ce n'était que superficiel.

Pas de grille à la sortie, juste une sorte de puits peu profond à escalader. L'ascension n'avait en soi aucune difficulté, mais il n'était jamais agréable de se déplacer dans la fange.
Comme prévu, l'attention des gardes était focalisé sur l'entrée principale. La sortie était donc dégagée. Bien emmitouflée dans sa cape, la demoiselle se rapprocha du lieu de l'action. Derrière le pont levis, beaucoup de partisans du roi, tous tendus comme une arbalète devant les cris de la foule en furie.
Comme elle l'avait promis ou simplement pour s'octroyer une porte de sortie une fois le larcin commis, Malicia s'avança dans la foule des partisans. Si les deux autres voleurs l'avait suivi, elle leur aurait sans doute fait signe de ne pas bouger, le temps qu'elle trouve un moyen d'ouvrir la lourde porte.

Elle réussit à se faufiler jusqu'à peu près 5 m du mécanisme du pont levis. Elle apposa un foulard sur ses lèvres pour que personne ne la voit incanter et commença à poser ses yeux sur la manivelle. La jeune voleuse se concentra, commença à parler une langue perdue du coeur des mortels et ses iris se firent plus lumineux.
La manivelle commença à bouger toute seule, de façon lente et régulière. Il n'y eut pas de réaction jusqu'à se quelqu'un s'aperçoive que le pont descendait. C'est à ce moment que la manivelle tourna de plus en plus vite devant les cris médusés des partisans du roi. Des soldats se bougèrent pour accéder jusqu'à la manivelle mais se faire un chemin dans cette foule compacte n'était pas chose aisée.

Réussirait-elle à faire descendre le pont jusqu'à ce que la foule extérieure puisse l'attraper ? Les gardes arriveront-ils à bloquer la manivelle avant ? Quelqu'un allait-il découvrir que Malicia était à l'origine de cette opération ? Seul le MJ pourra le dire...

Gne n'en pouvait plus d’attendre. Talphan avait apparemment soudain choisi de piquer un roupillon. Ou peut-être pas. En tout cas il attendait, tranquillement disposé à l'abri des regards, pendant que la population commençait à se faire canarder par des mages ivres de puissance.
Aussi décida-t-il finalement de suivre les traces de Malicia. Ce ne fut pas très difficile. Comme elle l'avait dit, elle s'était faufilée par les égouts, et un instant des chauves souris apparemment dérangées s'égayèrent au-dessus de sa tête, ce qui lui indiqua la route qu'elle avait dû prendre.

Après l'avoir emprunté, Gne remarqua que le chemin finissait assez abruptement par une sorte de puits de lumière rempli de vase. Bon ben, pas le choix.... L'ascension était aisée pour un adepte de l' "édifiscalade" comme lui, même s'il n'était pas sûr de pouvoir jamais complètement récupérer ses godasses. Passant la tête discrètement au-dessus du puits, il constata se trouver dans une cour intérieure remplie de nobliaux. La moitié d'entre eux était terrorisée, pendant que l'autre tentait de prendre l'air bravache en brandissant des épées de parades d'une façon telle qu'il était déjà étonnant que personne ne se soit coupé un doigt lui-même par erreur.
Ne trouvant pas Malicia, il finit par apercevoir une silhouette qui lui ressemblait et aurait pu être elle, mais qui lui tournait le dos. Se faufilant hors du puits, il roula dans une niche aménagée dans le mur. Sûrement un endroit où l'on disposait des étendards ou des icônes religieuses durant les moments adéquats. Tapi dans l'ombre, il observa la suite des évènements. Le pont-levis bougeait doucement, et Gne se demanda comment cela pouvait se faire.

Examinant les lieux, il s'aperçut qu'il n'était pas loin d'escaliers qui montaient et semblaient mener à une tour massive où plusieurs mages atterrissaient. S'ils devait descendre, il était probable qu'ils passeraient par ici. Gne n'aimait déjà pas les mages à l'ordinaire, mais alors là... Sortant ses vieux chausses-trappes, il les jeta à pleine poignée sur les premières marches. Dans l'ombre ils ne se repéraient pas, et s'il pouvait indisposer quelques vieux barbus séniles, c'était avec joie.