Trouver un artisan capable de réaliser un tel travail avait été une tâche particulièrement ardue. Pour cela, j'avais dû visiter une dizaine de villes et villages du Royaume Humain avant de trouver la perle rare un jour plus tôt. Cet armurier de grande renommée, un homme à l'âge quelque peu avancé, avait été d'abord intrigué par ma requête, mais la perspective de créer une arme unique en son genre lui avait apporté une énergie toute renouvelée. Il s'agissait de ma deuxième visite dans son atelier. L'artisan tenaient dans ses mains les plans que j'avais ébauchés et les parcourait des yeux avec grand intérêt. Après quelques minutes, son regard quitta les parchemins et vint se poser sur moi. Je voyais se dessiner sur son visage une expression mêlant questions et respect, alors qu'au fond de ses yeux brillait une étincelle de satisfaction, ravi de se voir soumettre un nouveau défi.

~ Je dois vous avouer Mademoiselle que je suis sacrément impressionné par ce que vous m’amenez là. Bon, il manque quelques données essentielles, mais, venant une personne hors de la profession, vous vous êtes très bien débrouillée. il fit une pause avant de reprendre Mais, si je peux me permettre, pourquoi avez-vous besoin d'une arme aussi compliquée ?

~ Mais vous le pouvez. Voyez-vous, les arcs longs tels que ceux fabriqué par les Elfes sont très peu commodes à transporter en vol et...

~ Pardon ? En vol ?

Je retins un petit soupir d'exaspération et sans dire un mot je déployai mes ailes, prenant une pose rappelant celle des anges. L'artisan resta interdit pendant un moment avant de baisser les yeux et de se mettre à bafouiller de façon confuses des excuses. Je trouvais sa gène flagrante et sincère très touchante. Je repliai mes ailes et, dans le même instant, posai une main sur la sienne. Lorsque son regard se reposa sur moi, il fut accueilli par un sourire qui excusait sa maladresse et l'aida à reprendre contenance.

Je continuai mes explications concernant cette commande un peu spéciale et lui donnai les spécificités que je souhaitais pour mon arme. L'armurier écoutait attentivement, annotant les schémas que j'avais esquissés et calculant quelques formules dont je n'en devinais qu'une fraction de leur utilité. Plusieurs minutes passèrent avant qu'il n'achève ses calculs et ne m'annonce triomphalement qu'il allait pouvoir honorer ma demande. Je remerciai l'artisan et, selon ce qui avait été discuté lors de notre première rencontre, lui versai l’acompte convenu. Je sortis de l'une des poches de ma tenue deux petits flacons taillés dans le quartz que je posai sur le comptoir. Chacun contenait un liquide couleur lilas légèrement transparent. Sur un ton convivial je lui dis :

~ Si l'affaire est conclue, voilà ce que je vous avais promis. Et vous aurez la même chose lorsque mon arc sera terminé... Je vous revois dans quatre jours. Bonne journée.

Je me retournai et pris la direction de la sortie de l'atelier, un sourire aux lèvres, satisfaite que tout se soit passé au mieux. Sans dire un mot, la panthère des neiges qui était restée couchée à mes pieds durant toute la transaction, se leva en s'étirant et me suivit à l'extérieur. Une fois dans la rue, je tendis le bras gauche. Je n'eus pas longtemps à attendre avant que le jeune faucon ne vienne se poser sur le gantelet de cuir. J'avais maintenant du temps devant moi et cela faisait un moment que je m'étais pas accordé quelques instants de détentes. J'avais avisé une charmante auberge bordant un petit étang. Cela me semblait un endroit idéal pour commencer et je pris la direction de l'établissement.